Autriche - Slovaquie - Hongrie - Croatie

(De Wien à Osijek)


Jour 15 (31 Juillet) : Wien - Bratislava - 86 km

Après deux journées sans vélo (Que c'est fatiguant finalement de marcher à pied !!!!!), nous sommes tout heureux de repartir pour la suite du voyage. Aujourd'hui, nous allons quitter l'Autriche pour pénétrer en Slovaquie.

A la sortie de Wien, la piste suit un long moment une île au milieu du Danube, lieu prisé des ... naturistes ! Ensuite, ce sera une piste sur la Marchfelddamm. Une ligne droite de 25 kilomètres qui nous a paru bien bien longue !

Nous passons à proximité du camp romain de Petronell-Carnuntum et arrivons à Hainburg où Karin va faire le plein d'eau dans un café du village. 

Nous apercevons alors les nouveaux quartiers de Bratislava : impression bizarre, cela rappelle certains films de science-fiction où certaines villes ultra-modernes sortent de nulle part au milieu du désert.

Nous franchissons la douane désaffectée et atteignons le centre-ville de cette charmante cité qu'est Bratislava. Une ville paisible en ce samedi après-midi. Des places ombragées, des terrasses. Malheureusement, l'office du tourisme fermait à 15h30. Où dormir ? Deux jeunes Français à vélo se posent la même question que nous. Une vendeuse de glaces nous indique un camping en périphérie de la ville. Nous parcourons pendant 8 kilomètres une large avenue bordée de tous les supermarchés et grands magasins possibles et imaginables pour atteindre cet endroit idyllique entre un lac et le ... Tesco ! 

Nos voisins sont une Canadienne et un Belge, deux Allemands et un vieux vieux Polonais parti de Monaco et rejoignant la Pologne. Le voyage à vélo, ça conserve ! Nous aurions bien voulu discuter un peu, mais mon polonais se réduisant à ... rien, nous en resterons aux banalités d'usage et à la lecture commune d'une carte routière !

Pique-nique au bord du lac. Un système de remonte-pentes (à plat !) permet de faire du ski nautique en tournant en rond sur le lac. Activité inutile, on dirait des hamsters trottinant dans leur roue ! Mais, en y réfléchissant bien, j'ai passé des années à, comme eux, tourner autour de chez moi à vélo. Mais, finalement, à partir d'où peut-on dire que l'on a voyagé loin ? 1000 kilomètres, un autre continent, le tour du monde ? Cependant, je crois que pour qui sait vivre de telles expériences, acheter le pain au coin de la rue peut devenir une aventure qui nous entraîne loin !!!!

Retour à des considérations très ... terre à terre : les sanitaires du camping nous indiquent quand même que nous avons quitté l'Autriche, mais finalement nous sommes contents, enfin, de découvrir véritablement d'autres lieux, d'autres personnes, ... de découvrir Ailleurs !!!

 

Jour 16 (1er Août) : Bratislava - Győr - 94 km

Ce matin, nous reprenons la route d'hier soir en sens inverse pour refaire un petit tour au centre-ville et prendre la véloroute n°6 en direction de la Hongrie. La ville est encore plus calme qu'hier ! Normal, nous sommes dimanche. Les 25 premiers kilomètres sont un enchantement : une piste cyclable ultra large, le vent dans le dos, le ciel d'un bleu limpide : un régal !!! De plus, tout Bratislava roule ici : familles à vélo, rollers (sur une piste spécifique). Certains personnes à rollers poussent qui, une poussette qui, un landau !!!! Tout a une fin et rapidement après la fin de la piste, nous nous perdons. Nous aboutissons, après avoir tourné un peu, sur la route principale reliant Bratislava à Mosonmagyaróvár. Nous sommes en Hongrie, nouvelle douane désaffectée ! 

Comme nous en verrons beaucoup en Hongrie le long des grands axes, un panneau nous indique que celui-ci est interdit aux vélos. Nous n'en tiendrons pas compte et ... nous n'aurons aucun ennui ! 

Nous remarquons rapidement que les automobilistes hongrois sont extrêmement respectueux des cyclistes. Quel plaisir de rouler sur ces routes !!! Nous nous arrêtons à Mosonmagyaróvár pour manger notre désormais traditionnel pique-nique : poivrons, tomates, pâté végétal, pain, fromage, fruit, chocolat. Il fait chaud maintenant.

Nous découvrons des cabinets dentaires PARTOUT. Pour 30 000 habitants, on compte 150 cliniques dentaires et 350 praticiens. Il faut juste savoir que 160 000 Autrichiens viennent chaque année se faire soigner les dents ici !!!!

Nous empruntons par la suite une route plus calme, stoppons dans une station-service pour faire le plein d'eau et arrivons à l'entrée de Győr où nous décidons de faire halte. Le long de la véloroute, à l'entrée de la ville, quelqu'un a transformé sa pelouse en camping. C'est propre, calme, on peut utiliser la cuisine, la salle de bains équipée. Le top ! Ce soir, nous côtoyons les Andorrans déjà rencontrés, un couple d'Autrichiens avec un bébé de quelques mois, deux Allemands et des Français arrivés plus tard.

Après le repas, nous allons faire un tour en ville et sommes charmés et surpris par l'animation qui y règne. On se croirait en Espagne !!! Une bière plus tard, nous prenons le chemin de la tente où nos sacs de couchage nous attendent.

 

Jour 17 (2 Août) : Győr - Tatabánya - 84 km

Nous nous sommes fixés pour objectif (plus ou moins flexible quand même !) d'être à Budapest dans deux jours. Peut-être nous arrêterons-nous ce soir à Esztergom ?

Nous allons à l'office du tourisme de Győr pour récupérer une carte des campings de Hongrie, carte au demeurant très détaillée  et qui s'avérera fort utile pour les jours à venir. Mais point de carte pour la véloroute n°6 !!! Le livre emporté commence à Budapest.

Nous trouvons difficilement la piste à la sortie de Győr et nous retrouvons très rapidement ... sur une piste terreuse et pleine de trous !! Plus de marquage "6", nous sommes perdus ! Arrivée à un carrefour vers Böny : le compteur marque 25 kilomètres et le panneau "Győr 11" !!! C'est ce qui s'appelle avoir fait un détour !!! On décide alors de prendre la route directe sans aller rechercher le Danube. Nous ne dormirons pas à Esztergom ce soir ! On s'arrête à Bábolna, mangeons dans un parc. Route paisible ensuite. Finalement, on rencontre très peu de voitures sur toutes ces routes !! On arrive à Tata, hésitons à nous arrêter au camping et finalement optons pour la ville suivante : Tatabánya.

Nous faisons des tours et des détours, demandons sans vraiment nous faire comprendre et finalement arrivons au camping bien fatigués après cette chaude journée.

Tatabánya est certainement la ville la plus laide que nous n'ayons jamais vue : pas de centre-ville, de grandes avenues, personne dans les rues, c'est d'une tristesse absolue !!! Mais un immense aigle sculpté veille sur la ville ! 

 

Jour 18 (3 Août) : Tatabánya - Erdliget - 74 km

L'entrée de la ville était moche et que dire de la sortie !!!! On se retrouve vite dans la campagne, heureusement !!! Jusqu'ici, la Hongrie était conforme à l'image que l'on a d'elle : toute plate ! Aujourd'hui, c'est moins vrai puisque la route ne cesse de monter et descendre ! On passe à Bicske et on s'arrête à Zsámbék. Un tour au marché, un tour sur internet (dans chaque village important, existe un point internet dans un bâtiment communal) et pique-nique à l'ombre d'une église en ruine.

Aucun contact à Budapest ne m'ayant répondu, il va falloir trouver une solution pour ce soir. Nous optons, grâce à notre carte, pour le camping d'Erdliget aux portes de Budapest. Il fait très chaud encore aujourd'hui, le ciel devient noir par endroit, le vent se lève en bourrasques et de nombreux camions nous doublent sur cette route. Il est temps d'arriver ! A Erd, aucune trace du camping ; nous demandons mais personne ne parle autre chose que le hongrois. Il est d'ailleurs amusant de constater que les gens continuent à nous parler même s'ils savent que l'on ne comprend rien !!!

On trouve enfin un jeune qui parle trois mots d'anglais, qui appelle sa mère, qui appellera sa fille (la soeur du garçon, vous suivez ?) au téléphone pour, enfin, nous dessiner un plan ... comment dire ? ... remarquable de précision !

Il nous reste 8 kilomètres. Je perds Karin qui était derrière moi. Je stresse car c'est moi qui ai le plan. On se retrouve enfin mais la tension est montée de quelques crans. Nous sommes épuisés physiquement et psychologiquement ! 

Le camping : installation, repas et orage !!! Quel timing !!!!

Demain, journée de repos consacrée à la visite de Budapest ...

Jour 19 (4 Août) : Visite de Budapest

Bus puis tramway pour arriver au centre de Budapest. Balade au hasard des rues. Beaucoup (trop) de touristes à mon goût. Une bonne bière (enfin !) pour, avec Karin, faire le point sur ce qui s'est passé et ce qui nous attend.

Re-tramway, re-bus et re-camping à Erdliget.

Nous essayons de nous faire comprendre de l'homme à tout faire du camping, un sympathique vieux monsieur qui cherche à communiquer avec nous même s'il ne parle que le hongrois.

On voulait juste un peu d'huile histoire de graisser les chaînes qui ont pris une jolie teinte rouille !!

C'est fait ! Nos vélos sont comme neufs ! Nos têtes aussi ! En route pour la deuxième partie du voyage ! C'est ce que nous pensons vraiment tant Budapest semble être le terminus pour de nombreux voyageurs venus d'Europe occidentale.

Jour 20 (5 Août) : Erdliget - Dunaflödvár - 85 km

Ce matin, nous devons déjà trouver la ville de Szahalombatta où nous prendrons le bac pour enfin rejoindre la chère Eurovéloroute n°6 que nous avions lâchement abandonnée depuis quelques jours ! Après 5 kilomètres, on se perd déjà, arrivons sur une route non goudronnée et demandons à une jeune femme balayant ... le sable et la terre devant sa pauvre habitation. On se comprend et arrivons au bord du Danube juste au moment où le bac arrive !

Nous rejoignons ainsi Tököl où nous retrouvons la piste qui est en fait ... la route !

Nous atteignons Rackeve, célèbre pour son château du Prince Eugène de Savoie.

On traverse ensuite Makad, la route se fait plus étroite, les nids de poule apparaissent et tout à coup, j'entends derrière moi un bruit qui me fait me retourner. Karin est à terre, le vélo chargé sur elle. Un moment d'inattention l'a jetée au sol. Son casque est abîmé, preuve d'une part de la violence du choc mais aussi de son utilité (du casque, pas du choc !).

Quelques égratignures (que l'on va soigner avec notre nécessaire de pharmacie), mais c'est surtout le fait de se retrouver au sol qui désoriente. Je me souviens alors de mes quelques chutes : on est comme un oiseau à qui on aurait coupé les ailes, à se demander ce qu'on fait par terre, à se demander si on va oser repartir. Le stress !!!!

Quelques pas à pied, puis retour sur le vélo, tout doucement, histoire de se réapproprier des gestes que l'on pensait oubliés. Et dire que Karin n'était pas une adepte du casque !!!!

La route minuscule passe sur la digue entre deux bras du Danube, c'est beau !!! De nombreuses caravanes (ou ce qui devaient être des caravanes) occupent les bords du fleuve.

On s'arrête bien vite pour le pique-nique près de pêcheurs.

Nous continuons ensuite notre route, traversons Apostag après avoir tourné à droite. Encore une bifurcation à droite et nous traversons le pont qui nous amène à Dunaföldvár, terme de cette étape mouvementée.

Installation au camping. Des cyclistes sont là : c'est un couple de Français partis de Belgrade et retournant en France. Arrivera ensuite un autre Français (décidément) qui, lui, est parti de Paris pour aller à l'embouchure du Danube et qui, tout retraité qu'il est, a décidé de faire le voyage de retour à vélo. Vive la retraite ! 

Nous remarquons un établissement de bains juste à côté du camping. L'eau est verte, saturée en sels bienfaiteurs, nous flottons, nous nous vidons la tête, nous rechargeons les batteries.

Ce dont nous avions besoin, ce soir, assurément.

Ensuite restaurant et balade digestive le long du Danube pour rejoindre le camping.

La journée se termine beaucoup mieux que les événements ne l'auraient laissé prévoir. Tant mieux ! Demain, on continue !

 

Jour 21 (6 Août) : Dunaföldvár - Baja - 95 km

Réveil de bon heure. Nous nous installons près du Danube pour un agréable petit-déjeuner. L'air est saturé d'humidité, le brouillard nous enveloppe, il est juste déchiré de temps en temps par des péniches glissant sur le fleuve.

C'est alors qu'un terrible orage se déverse sur nous. Record du monde du rangement des affaires. Nous rapatrions le reste dans les sanitaires du camping où nous patientons. Patientons ! Patientons ! Ca y est ! Nous pouvons enfin sortir ! Direction le Sud !

Départ tranquille comme toujours, mais plus encore aujourd'hui où Karin se ressent quand même de sa chute d'hier.

Nous traversons Bölcske, Madocsa dans l'indifférence générale, non pas que nous aurions souhaité des haies d'honneur où quoi que ce soit mais nous fumes très surpris du manque de chaleur des Hongrois. Peu de personnes sont venues vers nous ; problèmes de langue, timidité, ... Tout changera quand nous pénétrerons en Croatie et encore plus en Serbie.

A Paks, nous prenons le bac pour Géderlak. En suivant toujours la route, nous arriverons à Kalocsa où nous pique-niquerons à midi. Cette ville nous surprend : la banlieue est parsemée de maisons magnifiques, si barricadées qu'on se croirait aux States ! Par contre, le centre, piétonnier, est très agréable ! Dans cette ville, se trouve le musée du paprika. On en trouve d'ailleurs en vente partout le long des routes. Très belles, toutes ces couleurs !!!

Nous atteignons Fajsz où nous allons prendre une piste non goudronnée le long du Danube.

Nous traversons la Maison du parc national "Duna - Drava Nemzeti park" et arrivons finalement aux portes de Baja, terme de la journée.

C'est sur une petite île que se trouve le camping où nous dormirons. La ville est agréable avec son petit port de plaisance. Repas au restaurant puis glace pour fêter cette agréable journée.

Retour sous des trombes d'eau pour enfin se glisser dans la tente et profiter d'un sommeil réparateur.

Les jours à venir nous apprendrons que nous vivons cette nuit la dernière pluie du voyage !!!!

 

Jour 22 (7 Août) : Baja - Osijek - 103 km

Il pleut toujours. Zut !!!! Nous prenons tranquillement notre petit-déjeuner et nous sentons une certaine effervescence dans le camping. En effet, c'est ici le lieu de rassemblement pour la fête de la mer organisée le jour même. De nombreuses courses en bateaux à rames sont organisées. Chaque personne que nous rencontrons ce matin porte donc ... une rame !!!!

Nous quittons Baja pour ce qui est notre dernière étape hongroise. Ce soir, nous dormirons en Croatie.

Nous allons jusqu'à Dunafalva par la route et celle-ci se transforme en piste jusqu'à l'endroit où nous devons prendre le bac pour Mohács. Quelques minutes d'attente et nous voici arrivés de l'autre côté du fleuve. Nous tournons un peu en ville et trouvons un marchand de cycles à qui nous demandons de régler les freins du vélo de Karin. Celui-ci nous explique qu'il ferme dans dix minutes et que nous pourrons revenir quand il rouvrira ... dans deux heures !!!!

On pique-nique donc et ... partons sans attendre !

La route est large, la circulation peu dense, nous approchons d'Udvar, le dernier village hongrois avant la frontière croate. Des miradors donnent une verticalité à ce paysage qui ne connaît que l'horizontale (comme beaucoup d'endroits en Hongrie). C'est alors que, à 500 mètres de la frontière, un automobiliste me klaxonne, le premier depuis notre entrée en Hongrie. C'était un Autrichien !!!! Tout ça pour dire que les automobilistes hongrois sont d'un respect pour les cyclistes que j'ai rarement vu ailleurs. On se sent véritablement en sécurité sur ces routes. Un bon point !

Nous voici en Croatie maintenant ! Le ciel est lumineux et limpide, le nuages d'une beauté absolue. La route est large et la circulation quasiment inexistante. Nous ne suivons pas tout à fait les panneaux "Ruta Dunav" mais prenons la route directe menant à Osijek.

Nous traversons le pont sur la Drava et entrons dans la très jolie vieille ville où se succèdent de très nombreux bars. Les nuits doivent être agitées !!!

On évite un hotel pas cher juste au-dessus d'un bar et optons pour un genre de "Bed and Breakfast" d'un rapport qualité-prix imbattable. Tout était neuf, on a pu se faire à manger dans la cuisine, le petit-déjeuner s'apparentait à un festin, ... Une excellente adresse.

A peine entrés en Croatie, nous quitterons déjà le pays demain pour entrer en Serbie. Mais maintenant, c'est l'heure d'aller dormir et de rêver à des routes qui défilent, des roues qui tournent et des visages qui sourient à notre passage.