Bon, réveil à 7 heures. Il fait beau, les oiseaux chantent, le voisin de camping avec son immense camping-car, son treillis et ses autocollants CPNT est en train de s'affairer sur son quad. Je n'aurai pas eu envie de lui parler. Bizarre, bizarre !

Petit-déjeuner : tisane, fruits secs, gâteaux, fruits.

Tout va bien, j'ai parfaitement récupéré de la veille.

Aujourd'hui, je sais que je vais partir dans l'Aubrac aveyronnais pour rejoindre Laguiole et, ensuite repartir vers l'Est direction le massif de la Margeride.

 

Je pars de Nasbinals vers 9 heures 30 en compagnie de nombreux pélerins à pied. Je les quitte très rapidement pour rejoindre le col d'Aubrac à 1340 mètres d'altitude. Là, je bifurque à gauche pour rejoindre la station de ski de Brameloup puis Bonnefon et sa superbe tour.

J'aperçois dans un champ quelques hommes munis d'énormes fourches (les fourches du diable) en train d'arracher les racines de gentiane. Spectacle saisissant tellement les gestes amples semblent harmonieux, d'un rythme en complète adéquation avec la nature environnante.

 

Puis c'est St Chely D'Aubrac où je retombe sur de nombreux randonneurs pédestres.

 

Je prends alors la direction de Lagiole par des routes très tranquilles. Des vaches Aubrac partout, des genêts, des tas de bois. Que du bonheur même si je commence à souffrir de la chaleur et de la fatigue à nouveau.

A un croisement, à 5 kilomètres de Laguiole, je tourne à droite pour suivre un panneau "route trans-Aubrac" vers Laguiole. Ca m'apprendra !!! Ca monte, ça monte ! Longtemps, longtemps ! A moins que ce soit moi qui ne roule plus très vite !

J'arrive enfin à la station de ski de Laguiole (les chalets du Bouyssou) où je décide de m'arrêter. A ce moment-là, mon moral est un peu à l'image du ciel : bien gris. La route suivie m'a fait parcourir environ 20 kilomètres de plus que ce que j'avais initialement prévu. Il me reste de la route et je suis déçu de constater, mais je devais m'y attendre, que la forme est loin d'être optimale pour avaler les côtes et les kilomètres.

 

Personne à la ronde !

 

Le Gnome : Alors, en été, lorsqu'ils voyaient tomber ces petites flammes qui, de nuit, traversent parfois les airs, ils devaient dire que quelque esprit était en train de moucher les étoiles pour leur compte.


L'Elfe : Mais à présent qu'ils ont tous disparu, la Terre n'éprouve aucun manque, et les fleuves ne sont pas las de courir, et la mer, bien qu'elle ne serve plus à la navigation et au commerce, ne s'est pas asséchée.

Le pique-nique avalé, c'est reparti. J'abandonne l'idée d'aller jusqu'à Laguiole d'autant plus qu'il aurait fallu faire une aller-retour, ce dont j'ai horreur. J'ai enfilé la veste en Gore-Tex vu qu'il ne fait plus très chaud ! Le ciel est de plus en plus gris, il tombe quelques gouttes. Pour juste 8 kilomètres, je traverse le département du Cantal et je retrouve la Lozère juste après le charmant village de St Urcize.

 

Je roule, je roule.

 

Malembrun : Rends-moi heureux un seul instant.


Farfadet : Impossible.


Malembrun : Comment, impossible ?


[...]


Malembrun : Mais si tu ne peux pas me rendre heureux, ne pourrais-tu du moins m'affranchir du malheur ?


Farfadet : Oui, si tu parviens à ne pas t'aimer par-dessus tout.

 

J'arrive finalement à Aumont-Aubrac, petite ville sans trop de charme, si ce n'est l'odeur délicieuse dégagée par une scierie gigantesque. Je sais qu'il y a un camping à la sortie de la ville. Je le découvre ... fermé !

 

Une solution de rattrapage est à une dizaine de kilomètres de là, à St Alban sur Limagnole.

J'y file à bonne allure. Je vais bien, je suis bien !

Au camping, lors de mon arrivée, un autre cyclo randonneur est là également. En discutant avec lui, j'apprendrai qu'il est allemand et qu'il revient de St Jacques de Compostelle pour arriver demain au Puy.

En ce moment, il a surtout très faim et demande une pizza qu'il ne veut pas manger "later" ! C'est tout de suite !

 

La tente installée, la douche prise, ... je reprends le vélo pour aller jusqu'en haut du village et admirer le château transformé ... en hôpital ... qui semble désaffecté.

Je m'arrête au café pour savourer une bière, une de plus !

En zigzaguant un peu (!!!), je rejoins ma tente devant laquelle je vais me préparer mon repas du soir.

Belle nuit en perspective agrémentée du bruit de l'eau du ruisseau s'écoulant à deux pas.

C'est si bon de n'avoir comme seule question "vitale" de la journée que de savoir où poser la tente.

Non pas que je ne pense à rien d'autre, bien au contraire ! Mais tout semble plus aérien, plus éthéré, plus simple aussi.

 

Sache donc qu'entre le rêve et la vérité, la seule différence est que le rêve peut être quelquefois beaucoup plus tendre et plus beau que la vérité ne peut l'être.

 

Demain, c'est la montagne de la Margeride ...